Leandro Brusadin invite Anne Gotman à répondre sur l'hospitalité et la migration.

Abstract

Cet entretien avec Anne Gotman est le fruit d’une des diverses activités de recherche du post doctorat en sociologie réalisé sous son orientation entre le 1er septembre 2018 et le 31 août 2019, au Centre de Recherche Sur les Liens Sociaux de l’Université Paris-Descartes (Faculté des Sciences Humaines et Sociales – Sorbonne). Anne Gotman est directrice de recherche émérite du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et travaille activement au Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) de l’Université Paris-Descartes. Elle possède un doctorat de Sociologie de l’Université de Paris X (1977), une maîtrise de Géographie Urbaine de l’Université de Lyon (1971), une licence de Géographie de la même Université (1970) et un baccalauréat de Philosophie (1967). Ses productions sur l’hospitalité sont à la base de nombreuses recherches dans le domaine et approfondissent des discussions épistémologiques dans les divers champs de la connaissance, notamment en ce qui concerne les formes publiques et privées de l’accueil dans l’espace urbain. Il est important de souligner que les recherches d’Anne Gotman situent les liens sociaux dans différents prismes au-delà de l’hospitalité et cette ampleur atteint les champs de la religion, de l’identité, de la famille, de l’architecture et du patrimoine. Cette plateforme du travail scientifique dépasse celle que parfois nous délimitons afin de remplir certains cadres thématiques et des exigences méthodologiques. À la fin, nous situons les principales références de l’interviewée avec les productions qui ont soutenu ce dialogue et qui peuvent contribuer substantiellement aux recherches dans le domaine. Néanmoins, le but d’apporter au Brésil les pensées de la chercheuse concernant les études de l’hospitalité et des questions migratoires va au-delà de sa production bibliographique, car l’entretien présente un dialogue franc sur la carrière d’Anne Gotman et son parcours intellectuel, ses visions du monde et ses interlocutions théoriques avec Marcel Mauss et Jacques Derrida, sa position complexe sur la crise de l’hospitalité en France et, finalement, sa vision critique du tourisme en tant que forme de consommation éminemment commerciale, déplacée des idéaux de l’hospitalité. Nous avons à l’esprit que le rapprochement avec les études de l’hospitalité, surtout de ce que l’on a appelé l’ ‘École française’, est un devenir des chercheurs brésiliens qui aspirent à un débat profond et interdisciplinaire avec les champs de la sociologie, de l’anthropologie, de la philosophie et ainsi de suite. Nous comprenons que cette approche approfondit les discussions de l’hospitalité qui sont quelquefois utilisées seulement comme une ressource symbolique superficielle pour une prétendue scientificité du domaine ou qui sont défavorisées face à la quête du rapport exact avec le tourisme, essentiellement pour ce qui est de quelques recherches sur l’hospitalité réalisées au Brésil, où prédomine l’approche anglo-saxonne. L’hospitalité possède, dans son univers d’études, la prémisse de la phénoménologie de l’accueil et des échanges sociaux qui deviennent impératifs devant la crise de l’hospitalité qui ravage différents peuples et différentes institutions sur la scène contemporaine. Face à cela, nous exprimons nos remerciements les plus profonds pour la manière dont Anne Gotman nous a accueillis lors du post-doctorat et de cet entretien dans sa résidence. Nous avons choisi de laisser le contenu en français afin que le lecteur dévoué interprète à sa façon la conversation établie ci-dessous.